lundi 28 avril 2014

Née à Soissons, Une résistante décède pendant la veillée de la déportation

La veillée de la déportation qui se tenait ce samedi, à partir de 21 h 15 à Reims, autour du monument des martyrs de la Résistance situé sur les Promenades, a été endeuillée. Alors que ce temps du souvenir à la mémoire des hommes, des femmes et des enfants qui ont péri dans les camps de concentration et d’extermination nazis venait de débuter, Mme Yvonne Chatelain, 88 ans, ancienne déportée-résistante qui participait à cette cérémonie comme chaque année, s’est brutalement affaissée.
Immédiatement, une équipe de secouristes de la Croix-Rouge présente sur le site lui a apporté les premiers soins tandis que l’équipe médicale d’une antenne mobile du Samu se rendait sur place. Malgré tous les efforts conjugués des secours, Mme Yvonne Chatelain n’a pas pu être réanimée. Ce drame a créé une vive émotion parmi les participants à cette veillée parmi lesquels se trouvaient des collégiens et des lycéens qui avaient déjà pu converser avec cette dame qui témoignait dans des établissements scolaires de son vécu dans les camps. Elle participait toujours à la vie associative du monde combattant. Le député-maire Arnaud Robinet et plusieurs élus ont soutenu des proches de Mme Chatelain qui étaient bouleversés.
Secourue par une équipe de la Croix Rouge bientôt renforcée par l’équipe médicale d’une antenne mobile du Samu, elle n’a pas pu être réanimée. Son décès en cet instant a crée un véritable choc parmi l’assistance.
Yvonne Bridoux-Chatelain était née à Soissons (Aisne) le 3 mars 1926 mais c’est en région parisienne à Alfortville qu’elle se trouve pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle choisit de s’opposer au gouvernement de Vichy et à l’occupant. Comme bien des combattantes, elle est malheureusement victime de la gestapo et est arrêtée.
Après avoir malmenée puis enfermée notamment au Fort de Romainville, elle est déportée dans un convoi comprenant 417 femmes au départ de la gare de l’Est à Paris le 18 avril 1944. Elle parvient à jeter un message pour sa famille alors que le train passe en gare de Pantin : “Prévenir Mme Bridoux, 26, rue du Pont d’Ivry à Alfortville. Fille partie en direction inconnue, a quitté le stalag 122 avec un bon moral”. Récupéré par un cheminot, ce message est bien transmis. Le 22 avril 1944, le convoi stoppe. Les wagons sont ouverts. Les femmes sont emmenées vers une destination inconnue. C’est Ravensbruck.
Le 4 juin 1944, la jeune femme alors âgée de 18 ans, intègre le kommando d’Holleischen qui dépend du camp de Flossenbourg dans la région des Sudètes. Elle va porter le matricule 35 324 et subir la dure vie de déportée et subit la longue déshumanisation orchestrée par les nervis nazis. Elle ne désespère jamais.
Le 14 juillet 1944 avec ses camarades, elle porte une cocarde tricolore en rejoignant le kommando 137 où elle est astreinte à la finition et à l’expédition d’obus de DCA. A 9 heures, le travail s’arrête dans l’atelier et les femmes chantent la Marseillaise. Les gardiens sont médusés. C’est un acte de Résistance, une expression patriotique pour défier les bourreaux nazis. Il fallait oser. Elles ont osé. Elles reçoivent en récompense une pluie de coups mais il n’y aura pas de représailles, l’interprète ayant expliqué que c’était le 14 juillet, jour de la fête nationale en France et que ces femmes la célébraient comme tout bonne citoyenne.
Yvonne Chatelain est libérée le 5 mai 1945 par des partisans tchèques et polonais. La jeune femme est très affaiblie mais libre. En 2005, pour le soixantième anniversaire de la Libération des camps, elle est retournée avec des camarades au Kommando d’Holleischen pour l’inauguration d’une stèle en mémoire de toutes les martyres tombées dans cette ferme transformée en camp de concentration.
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