vendredi 14 mars 2014

Dans les coulisses des Restos du cœur

V ous êtes combien à distribuer ? » demande Marie-France Bianciotto, responsable du centre des Restos du cœur. « Sept », répond une voix féminine. « Ça va aller ? » Hochements de têtes. « Allez on ouvre ! » Pour les bénévoles et les bénéficiaires ce jeudi après-midi, ressemble à tous les jeudis après-midi, avec ses imprévus, ses instants délicats et ses moments drôles.
Gilbert Maertens débarque avec son sourire sur le site du 3 bis, place Saint-Médard. L’homme au sac bleu et blanc tend sa carte de bénéficiaire à Catherine. Il est le premier à être reçu. Brigitte le conduit au milieu des rayons. « Je mange de tout », signale Gilbert Maertens à son interlocutrice. Affable, Gilbert Maertens plaisante avec les volontaires. En récupérant une salade il parle un peu de lui : « Les gens sont très sympas ici. Ça fait six ans que je viens. J’ai eu un accident du travail et c’est mon assistante sociale qui m’a dirigé vers les Restos. »
Depuis quelques années déjà, la physionomie des bénéficiaires a changé. Les cas similaires à celui de Gilbert ne sont plus les seuls. « On a de plus en plus de monde. Nous avons beaucoup de familles monoparentales, des femmes élevant leurs enfants. On voit aussi apparaître des personnes âgées, souvent des veuves. Il y a également pas mal de jeunes et même des travailleurs pauvres », détaille Marie-France Bianciotto. Jennifer Caron, 32 ans, mère de deux enfants, cherche du travail, en vain : « Heureusement qu’ils sont là. Je touche le RSA et les allocations, mais je n’y arrive pas. » Elle se bat depuis trois ans et passe enfin son permis de conduire, parce qu’elle a trouvé de l’aide pour le payer. Elle sait qu’aux Restos elle a aussi le droit de retirer des vêtements au vestiaire et de se faire couper les cheveux par un coiffeur. Face au bar où l’on sert des cafés gratuitement, un homme d’âge mûr et une dame discutent à voix basse. Ils se montrent effacés.

« Je fais le taxi gracieusement »

C’est le tour de madame, elle se lève. Monsieur veut garder l’anonymat. Il se prénomme Gérard et n’est pas bénéficiaire : « Je fais le taxi gracieusement. J’emmène souvent les gens de mon immeuble pour faire des courses ou aller chez le médecin. » Gérard dit aider régulièrement cinq personnes « qui le méritent ».
Il y aurait donc des pauvres méritants et d’autres qui le sont moins… Curieux ce Gérard.
L’autre visage de la misère sur Soissons est aussi multicolore. Vingt-trois nationalités sont représentées parmi les malheureux. « On ne fait pas de différence entre les gens », lance sobrement la responsable du centre. Les « Enfoirés » ne font pas que cela, ils manient aussi d’autres langues (anglais, espagnol, russe, italien, arabe, géorgien…). Ils ont même utilisé une fois la langue des signes. « Et encore cette année, on n’a pas besoin de parler chinois ou mongol », sourit Marie-José Perret, une des adjointes de la responsable.
Face à cette précarité protéiforme, les volontaires luttent avec leurs meilleures armes : la chaleur et la discrétion.
Restaurants du cœur : 09 82 36 21 68
ou au 06 25 99 07 08.

http://www.lunion.presse.fr/accueil/dans-les-coulisses-des-restos-du-coeur-ia0b0n313674

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