Des anecdotes sur les premières années de vie de l’Arsenal comme musée, il en raconte d’ailleurs à la pelle : « On en a eu des remarques à l’époque. Les uns nous reprochaient de défigurer ce lieu historique. Les autres critiquaient ouvertement les œuvres, estimant qu’ils auraient été tout aussi capables de griffonner une tache de couleur sur une toile blanche. Or, ce sont les mêmes qu’on retrouve des années après à nos expos. Comme quoi… »
Il faut dire que la configuration du lieu – due en partie à la patte de Renaud Piérard, un architecte muséographe bien connu pour avoir travaillé sur l’ouverture des salles des arts islamiques du Louvre – se prête à la découverte : d’énormes poutres en bois, des baies vitrées grandioses et un éclairage très bien pensé.
Ancien et moderne en harmonie
De quoi mettre en valeur les œuvres et attirer les visiteurs, les amateurs comme les plus récalcitrants d’ailleurs : « Ici, c’est une mine d’or pour mes élèves. Chaque exposition est un prétexte pour les sensibiliser à l’art contemporain. Et ils accrochent. Avec les formes, les couleurs. Mais aujourd’hui, c’est ma mère que j’emmène. Elle a toujours habité Soissons mais n’y a jamais mis les pieds », confie Laurent Vitasse, un professeur des écoles du secteur.Un rapide coup d’œil au visage souriant de sa maman suffit pour comprendre que le musée a eu l’effet escompté : « Dire qu’il y a cet espace à deux pas de chez moi, qu’il est gratuit et que je ne le savais même pas », glisse-t-elle, oscillant entre intérêt et surprise.
Provoquer la « surprise », comme le questionnement, c’est justement la vocation de cet espace qui draine chaque année entre 15 000 et 20 000 visiteurs dont 8 000 scolaires : « La réputation de l’Arsenal dans le monde artistique n’est plus à faire. Notre plus gros challenge a été de créer un public fidèle et de continuer d’attirer les curieux. D’où notre volonté d’avoir une programmation variée », expose Dominique Roussel. Et pas de doute là-dessus : mission accomplie avec cinq expositions temporaires en moyenne par an. Un travail de Titan mené à bien grâce à une mutualisation de compétences : « Plus on est nombreux, plus on est fort. Le fait que l’Arsenal soit géré par le musée de Soissons permet les coproductions. Un avantage avec notre budget serré. Par exemple, le catalogue de l’exposition actuelle de Claude Viallat est le fruit d’un partenariat entre le musée de Soissons et le centre d’art contemporain de Saint-Pierre-de-Varengeville près de Rouen. »
Et ce n’est non sans compter l’Association d’aide pour le développement d’art contemporain en Soissonnais (ADACS) qui donne un sacré coup de pouce à l’Arsenal pendant l’année : tous les week-ends, elle anime des permanences dialoguées « histoire de donner des clés d’approche pour se familiariser avec l’art contemporain ».
Arsenal-Musée, rue Saint-Jean. Ouvert du lundi au vendredi
au 31 mars). Tél. 03 23 53 42 40.
http://www.lunion.presse.fr/region/l-art-sous-toutes-ses-formes-ia3b26n236792
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