lundi 15 décembre 2014

Joffre, Foch et Nivelle à la barre d’un tribunal de libres penseurs

La scène est plutôt originale : depuis samedi, une salle du Mail est transformée en tribunal pour des faits commis il y a un siècle. La Libre pensée tient son colloque national pour juger trois généraux de la Grande Guerre, Joffre, Foch et Nivelle. Aucun des participants ne s’est costumé en magistrat. Mais des sentences sont prononcées. Nicole Aurigny, présidente de la fédération de l’Aisne, revendique la démarche : «  Oui, nous faisons le procès des généraux fusilleurs. Chacun des intervenants apporte sa contribution. » Deux possibilités existent, coupable ou non coupable. La responsable départementale évoque de possibles condamnations à l’indignité et au déshonneur. Si les familles des généraux condamnés se manifestent dans de vrais tribunaux pour l’offense causée, elle affiche une solide sérénité : «  Nous ne craignons pas le procès de descendants. Cela me paraît hors de propos. Nous faisons de l’histoire. »
La centaine de personnes venues de toute la France à Soissons a le sentiment de mener une croisade juste dans un terroir concerné par le cas des fusillés pour l’exemple.

«  Nous nous battons pour leur réhabilitation. Nous voulons déterminer les responsabilités militaires et politiques », assène Mme Aurigny. Selon elle, le drame de ces soldats sacrifiés pour des prétextes, avoir reculé devant l’ennemi, par exemple, hante encore bien des familles. «  Cela pèse sur elles avec beaucoup d’indignation et de colère. »
Mme Aurigny souligne que des femmes se sont retrouvées sans pension et «  sous le poids de la honte avec l’obligation de déménager sous les pierres lancées par des habitants. »

Comme un sparadrap

Selon les estimations de la Libre pensée, il y a eu 6 000 soldats jugés en conseils de guerre, 2 500 condamnés à mort et 650 fusillés pour l’exemple. La cause représente encore beaucoup de familles. Absent hier, le général André Bach, un spécialiste reconnu, a donné à lire sa contribution. Elle exprime du mécontentement lié à la difficulté du gouvernement à adopter une attitude claire : «  J’ai un sentiment d’agacement devant la façon dont nos gouvernants gèrent ce dossier. Le pouvoir comprend bien que cette question des fusillés reste un sparadrap qui lui colle au doigt face aux demandes diverses. Qu’a fait l’Etat sur ce sujet depuis un an ? Il a fait le gros dos. »

http://www.lunion.com/region/joffre-foch-et-nivelle-a-la-barre-d-un-tribunal-de-ia3b26n456420

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