« Les effets seront indirects, mais c’est vrai qu’on n’avait pas besoin de ça. C’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. » Arnaud Delacour, président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre en a un peu gros sur la patate. La guerre civile en Ukraine s’est muée en guéguerre économique entre l’Union européenne et la Russie. Le secteur agroalimentaire européen subit un embargo russe depuis le 7 août.
Cette décision affecte en partie certains agriculteurs soissonnais, comme Arnaud Delacour, qui cultive le tubercule à Dommiers. « En fait les exportations de pommes de terre de l’UE vers la Russie étaient déjà limitées depuis juin 2013. Des barrières douanières déguisées avaient déjà été mises en place sous un prétexte sanitaire. La perte de ce marché est évidemment dommageable pour nous, mais elle l’est de manière indirecte. En effet, sur les 270 000 tonnes de pommes de terre qu’importaient la Russie, une grande partie était fournie par la Pologne et l’Allemagne. Seules 3% des pommes de terre importées étaient françaises, indique M. Delacour. Le problème c’est que le surplus va engorger le marché. »
Les prix des campagnes à venir pourraient donc être perturbés sur ce segment déjà très concurrentiel. S’il est inquiet, Arnaud Delacour, relativise cependant l’effet néfaste de l’embargo qu’il espère « conjoncturel » : « Les producteurs sous contrat avec des négociants ou la grande distribution et ceux qui misent sur la qualité devraient être moins touchés. La situation est plus problématique pour les autres, mais là encore l’essentiel de nos produits est consommé en France, en Belgique, aux Pays-Bas ou en Europe du Sud. »
« Ce sont plutôt les Russes qui vont être ennuyés »
Les cueilleurs de pommes et de poires pourraient aussi subir les retombées indirectes de l’embargo. Dans sa ferme de Dampleux, Guillaume Seguin, tient à peu près le même discours qu’Arnaud Delacour : « Jeudi, j’ai reçu la visite d’une télévision d’état russe pour un reportage. Ils voulaient absolument que je leur dise que nous allions être dans la panade, mais je pense que ce sont plutôt les Russes qui vont être ennuyés de ne pas trouver de pommes et de poires sur leurs étals. »Si la situation pourrait être dramatique pour ses collègues du Limousin, « 10 à 15% de leur pommes sont exportées », les vergers du Soissonnais devraient être épargnés, car les variétés du Nord de la France (boskoop, canada...) sont majoritairement consommées dans l’Hexagone. Le risque de se retrouver face à des pommes à des prix bradés demeure malgré tout. « Ce qui serait bien c’est qu’il y ait un réflexe citoyen des Français pour soutenir les fruits français », conclut le pomiculteur.
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