«Ce faux témoignage est gênant. Cela casse le lien de confiance. Le fonctionnaire masque le fait que l’arme de service de son collègue est exhibée et utilisée », indique Jean-Baptiste Bladier, procureur de la République à Soissons. Me Ghislain Fay, défenseur des deux policiers, ne partage pas du tout cette analyse. « Pour moi, il y a plus une incompréhension entre un fonctionnaire du commissariat et l’autre dans l’action. Il n’y a pas de volonté d’amener d’éléments trompeurs. »
Ce faux témoignage, s’il est confirmé, reste le fait saillant de l’affaire. Mais un autre fonctionnaire de la brigade anticriminalité devrait également comparaître devant le tribunal correctionnel de Soissons. C’est le tireur, le policier qui avait involontairement blessé au doigt le conducteur, en tentant d’arrêter son véhicule lors d’un choc à une vitre. Dans son cas, c’est « un manque de vigilance » qui est remarqué par la justice en raison du tir malencontreux. « C’est plus une erreur qu’une faute, peut-être », estime le procureur de la République. Me Fay insiste, de son côté : « D’après les éléments dont je dispose, le coup de feu est accidentel. »
Angoisse des deux côtés
L’interpellation du conducteur et de son passager avait été mouvementée. Les deux jeunes gens se plaignaient de violence. Il semble que celle-ci ne soit pas retenue contre les policiers qui poursuivent actuellement leur mission. Mais ils sont visés par une procédure disciplinaire en cours.Le procureur ne nie pas que la scène est survenue dans une ambiance propre à générer de l’angoisse pour les fonctionnaires. L’automobile était équipée de vitres teintées et les occupants sont accusés d’avoir refusé d’en sortir. Un contexte rappelé par les syndicats de policiers solidaires de leurs collègues.
Le conducteur est poursuivi pour refus d’obtempérer et rébellion et son passager pour rébellion. Là encore, leur avocat, Me Miel, ne se montre pas convaincu. « Compte tenu des éléments partiels, cela me paraît un peu surprenant. Ils se sont fait tirer dessus. » Les parties en cause, les deux policiers et les deux jeunes disposent d’un délai allant jusqu’au 30 juin, pour réagir, avec leurs avocats, aux travaux des enquêteurs de l’inspection générale de la police nationale. Les débats publics risquent d’être particulièrement intéressants. D’un côté, le sentiment d’insécurité des policiers, côtoyant dans la nuit des personnes sans connaître leurs réelles intentions. De l’autre côté, il y a un conducteur, en état d’ébriété, qui reconnaît un délit de fuite, mais estime que sa vie était en danger comme celle de son passager. Une thèse déjà défendue par Me Miel. « Les deux jeunes auraient pu mourir », a-t-il déjà souligné avec gravité et colère.
http://www.lunion.presse.fr/accueil/un-policier-soissonnais-soupconne-de-faux-temoignage-ia0b0n349986
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