dimanche 2 mars 2014

Les salons de coiffure à la peine

Les temps sont durs et le secteur de la coiffure n’échappe pas à la règle. À Soissons, trois salons viennent de mettre la clé sous la porte. Une situation alarmante.
Onze heures tapantes, ambiance bon enfant au salon Maxime Éric Moreau dans la rue du Collège. On plaisante, on rit, on se taille le bout de gras. On serait loin de se douter que le quotidien d’un coiffeur est aujourd’hui devenu un véritable casse-tête.
Et pourtant, Arnaud, l’un des deux gérants, l’avoue : son enthousiasme est chaque jour mis à rude épreuve. Peut-être même un peu plus ces derniers temps depuis que trois salons de coiffure du centre-ville ont été placés en liquidation judiciaire.
« On ne peut pas rester indifférent à ces fermetures. Mais cette situation était latente. Chaque jour, il y a un salon qui ferme en France. On croule sous les charges. On a même du mal à se verser un salaire. Il suffirait que la TVA à 20 % diminue de moitié, comme dans la restauration, pour nous soulager. »

Pas d’aide, une concurrence accrue avec les auto-entrepreneurs...


Pire encore, bon nombre d’artisans ont parfois l’impression de prêcher dans le désert : « Les coiffeurs indépendants ne sont pas aidés. On cotise des sommes faramineuses au régime social des indépendants (RSI), la cotisation foncière des entreprises (CFE) qui remplace la taxe professionnelle est énorme et en plus, en cas de pépin, un artisan ne peut même pas compter sur le chômage », glisse Brigitte Faglain de chez Brigitte Coiffure, dans la rue Saint-Christophe.
Et ce n’est non sans compter les nouvelles formes de concurrence qui ont porté un coup à la compétitivité : « L’arrivée du régime de l’auto-entreprenariat en 2009 a bouleversé le marché de la coiffure. Pour eux, des obligations comptables réduites, pas de TVA à facturer (franchise) et un règlement des cotisations sociales simplifié. Oui, il y a des inconvénients mais ce régime se prête aux coiffeurs qui veulent démarrer une activité sans embaucher, ni réaliser d’investissements », ajoute Arnaud. Seuls salons préservés de cette crise, les franchisés mais aussi les petites boutiques spécialisées qui ont su habilement tirer leur épingle du jeu face à la baisse du pouvoir d’achat .

Concurrence et crise, un cocktail détonnant

« On est à la fois grossiste et détaillant, on a donc deux flux de clientèle : les professionnels et les particuliers », confie Peggy Denoyelles, chef de secteur Picardie de la Boutique du coiffeur située rue Saint-Martin. Même si la jeune femme affirme que l’enseigne « a comme seule vocation d’attirer une clientèle se fournissant en supermarchés », et non « celle des coiffeurs ».
C’est différent dans la pratique comme l’explique Maryse Delache, présidente de la chambre départementale des maîtres artisans coiffeurs de l’Aisne : « Aujourd’hui, des clientes qui avaient pour habitude de venir huit fois par an, ne viennent plus que quatre fois. Et elles nous le disent : elles préfèrent se fournir en produits, en coloration dans ce genre de boutiques plutôt que de venir chez nous. »

http://www.lunion.presse.fr/accueil/les-salons-de-coiffure-a-la-peine-ia0b0n308538

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