dimanche 23 mars 2014

Hervé Giraud, Monseigneur 2.0

Commençons par une légende qui n’en est pas une. Si le pape Benoît XVI s’est lancé sur la toile avec un compte Twitter, l’inspiration n’a pas été divine mais « giraudienne ». L’Aisne possède, parmi ses habitants, un homme qui a incité le prédécesseur du pape François à twitter ces petits messages courts – 140 signes – dans l’internet mondial. Le pape ou au moins son service « com ». Par contre, derrière les « tweets-homélies » de Monseigneur Hervé Giraud, évêque du diocèse de Laon-Soissons-Saint-Quentin, pas de prête-nom.
C’est ce natif d’Ardèche il y a cinquante-sept ans qui écrit. Chaque jour. Une occupation non chronophage et pas du tout décalée avec sa profession. «  Au contraire, explique-t-il sans détour, cela me permet de me plonger en profondeur dans l’Évangile.  » Un extrait de l’Évangile suivi d’un commentaire de ce fils de cuisinier, des mots toujours en rapport avec l’actualité, a attiré une vague de suiveurs. Hommes d’Église, intellectuels, politiques, journalistes, croyant ou simple curieux, ils sont presque 6 000 à suivre quotidiennement « les tweets homélies » de cet homme qui se destinait à l’enseignement des mathématiques. Avoir cette primauté et cette originalité a propulsé un homme d’Église à la une de nombreux médias comme le « Grand journal » de Canal+. Cette année, preuve que l’homme séduit, il est membre du jury œcuménique du Festival de Cannes.

Le cinéma sur iTunes et d’autres sites

Un honneur qui lui permet de conjuguer une de ses passions, celle du cinéma. Les moyens modernes lui permettent d’ailleurs de glisser dans les rares moments de liberté ou de transport en commun, l’occasion de visionner quelques films : «  Je vais sur iTunes pour revoir des œuvres qui ont été primées à Cannes par exemple  ». Son exposition médiatique n’est-elle pas de trop ?
«  J’essaie d’être moi-même, j’aime annoncer l’Évangile et je tente de le faire du mieux possible. Se priver d’être sur un média comme Twitter aujourd’hui est difficilement réalisable. C’est un autre moyen de communiquer, d’être en phase avec notre époque  ». Des propos qui pourraient bousculer un conformisme parfois reproché à l’Église en général. Sur des sujets brûlants comme le manque de vocation dans des départements comme celui où œuvre Hervé Giraud par exemple. Si on l’interroge sur une des voies lancées pour contrecarrer cette crise, celle d’accorder la possibilité aux prêtres de se marier, l’homme répond sans détour. «  Être célibataire donne une liberté qui permet énormément de choses, d’actions que je n’aurais peut-être pas en vivant en couple, en ayant une famille. En France, il y a 15 000 prêtres et plus de six millions de célibataires ! Devinez de qui on parle le plus  ». Si Monseigneur Giraud se déclare pas du tout à l’aise avec le monde de la finance, il avance quand même un argument sonnant et trébuchant pour contrer l’argument du mariage des hommes d’Église. «  Nous n’en aurions pas les moyens…  »
Sa vocation a jailli après une première année d’enseignement. À 21 ans. «  C’était une maturation, et à un moment, j’ai été prêt pour entrer au séminaire  ». Une première dans une famille où le père, chef cuisinier, n’est pas catholique du tout. Au contraire de son épouse. Lorsqu’il a annoncé sa décision, le patriarche a eu une simple phrase, preuve de l’esprit d’ouverture : «  Laisse-moi le temps de m’habituer…  » Puis il n’en a plus jamais reparlé avec son fils. «  Il y a toujours une perception de l’Église qui est restée dans les esprits. Celle d’il y a cinquante ans. Où, tous les dimanches matins, on allait à l’église avant d’aller au bistrot. Mais l’Église a aussi su évoluer.  » Comme un enfant que l’on n’aurait pas vu grandir en quelque sorte.
Dans son diocèse et ailleurs, l’homme côtoie tout le monde. Des politiques avec lesquels il ne discute pas de… politique dans le sens dévoyé du terme, mais le premier sens : celui de la vie de la cité et des souffrances qu’elle traverse aujourd’hui. Lui est nommé, pas élu. Lorsqu’il est devenu évêque, il n’a pas bondi de joie. C’est le sens de sa vocation. Si on lui donnait une baguette magique aujourd’hui, il guérirait la «  raison des humains  ». Ceux qui ont du mal à réfléchir paisiblement. «  Que les gens prennent le temps d’écouter les autres, même s’ils n’ont pas des idées identiques. Bien sûr j’aimerais combler les besoins fondamentaux : ceux du logement par exemple, quand on voit le nombre de sans-abri et de logements vacants ! Mais j’aimerais vraiment que l’esprit de dialogue devienne banal. Mais vous savez, la baguette magique, elle est à notre portée. »

http://www.lunion.presse.fr/accueil/herve-giraud-monseigneur-20-ia0b0n320337

2 commentaires:

  1. Je suis d'accord sur le non mariage des prêtres. Ces derniers n'auraient plus assez
    de temps à nous accorder. L'écoute envers leurs fidèles est déjà assez rare
    malheureusement.
    D.

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  2. merci de votre visite
    et de votre commentaire
    bonne soirée
    cordialement
    Francis

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