vendredi 31 janvier 2014

Jugée pour le meurtre de son bébé

SOISSONS (02). Une maman, âgée de 35 ans, est jugée depuis mercredi par la cour d’assises de l’Aisne, pour le meurtre de son bébé près de Soissons.
Sophie est morte le jour de sa naissance. La vie semblait pourtant lui sourire dans un pavillon coquet.
Ce drame s’est déroulé au domicile familial de Saint-Christophe à Berry, le 7 décembre 2009. L’accusée met seule au monde la fillette qui chute brutalement. Mais elle est viable. Séverine Olier téléphone à son compagnon. Il ignore qu’elle a été enceinte. Elle lui demande de rentrer plus tard, le temps de nettoyer les lieux. L’enfant est retrouvé, lors d’une perquisition, porteuse de vingt-deux plaies causées par des ciseaux. « Les faits ne sont pas contestés. Le problème, c’est comment et pourquoi ? » estime Me  Miel, avocat de la défense.

Déni de grossesse

Un expert juge que l’affaire illustre le déni de grossesse. L’accusée est mère de deux enfants, âgés de 10 et 14 ans, aujourd’hui. Cette ancienne secrétaire comptable semble lisse en surface avec un caractère renfermé. Séverine Olier a été violée dans son enfance, par un membre de sa famille jamais dénoncé. Mais elle garde cette blessure secrète, n’en parle jamais à sa mère. Ce traumatisme a-t-il pesé sur son comportement ? Vraisemblablement, il a accentué une fragilité, un déséquilibre. Elle ne s’exprime que par des bribes, se nourrit de ses silences, conserve son mystère.
Pourquoi cette femme, au visage mince, caché par un rideau de cheveux châtains, n’a-t-elle pas considéré la petite victime comme une personne ? D’ailleurs, elle n’a jamais pu encore aller sur sa tombe. Le cimetière, c’est la matérialisation d’un disparu. Alors, pour désigner la fillette morte, elle dit « la chose », une façon de remarquer que c’est personne.
L’accusée avoue avoir causé la mort mais ne reconnaît pas l’usage des ciseaux. Ils incarnent trop, sans doute, la brutalité. « Je me souviens d’avoir fait mal, d’avoir tué. Je suis sûre que c’est moi car j’étais toute seule. »
Pour la naissance de son premier enfant, elle évoque pourtant une époque « magique ». Cet émerveillement s’est mué dans la durée en une sorte de dégoût. Le corps, qu’elle portait pour la troisième fois, est vu comme un agresseur qu’il faut combattre. Un ennemi de l’intérieur. Il la renvoie à la sexualité qu’elle dédaigne, à son calvaire enfoui. Les jurés disposent encore de deux jours pour tenter de la comprendre avant de la juger.
http://www.lunion.presse.fr/accueil/jugee-pour-le-meurtre-de-son-bebe-ia0b0n291288

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