SOISSONS (Tribunal correctionnel). Le tribunal a cherché à comprendre, hier, ce qui avait poussé le boucher d'Ambleny et un assureur à fomenter une telle escroquerie. Ils sont allés jusqu'à incendier le commerce et son habitation.
Ils rappellent ces gangsters minables croisés au cinéma. Un boucher de village et un assureur sans envergure ont fomenté voici un an un plan des plus fumeux. Une escroquerie à l'assurance pour le moins amateur et pour laquelle ils comparaissaient hier au tribunal correctionnel de Soissons.
Le 2 juin 2012, le boucher d'Ambleny est retrouvé ligoté au bord de la RN31. Il raconte alors aux gendarmes qu'il a été cambriolé, frappé, puis emmené dans un camion frigorifié par trois individus encagoulés, qui ont aussi incendié la boucherie. Une affaire criminelle, passible des assises, qui mobilise dès lors beaucoup d'enquêteurs, dont la police technique et scientifique.
Des échanges téléphoniques répétés avec un assureur et d'autres éléments d'enquête vont rapidement trahir le boucher. Il avoue.
"Embobiné"
L'assureur, exerçant dans l'Oise près de Beauvais, faisait de la prospection par téléphone pour vendre ses produits. C'est au cours de ces entretiens qu'ils ont sympathisé. « Je lui ai dit que financièrement, c'était pas ça en ce moment », raconte le boucher. Ensuite, tout s'est enchaîné. « Il m'a touché avec les problèmes de santé de son fils, dit l'assureur ; j'ai eu envie de l'aider. » « Et vous prenez autant de risques pour rien du tout ? », lui demande la présidente du tribunal. « Eh oui », souffle le prévenu.
Ce jour-là, au petit matin, le boucher se pointe avec 15 litres d'essence. Il est convenu d'emporter de la viande dans le frigo, histoire d'être un peu crédible. Comme dans un mauvais film, l'assureur le ligote et lui met un coup de poing. Ils mettent le feu, partent en camion. La suite, on la connaît.
L'incendie a ravagé la boucherie et son habitation et a manqué de gagner l'immeuble mitoyen. Les propriétaires de la boucherie, qui avaient toute confiance en lui, sont venus à la barre témoigner du sentiment de trahison et réclamer des dommages et intérêts. Ils ont obtenu 2 000 euros pour le préjudice moral.
En raison de ces « graves dommages » notamment, le parquet a réclamé quatre ans de prison avec sursis pour les deux hommes. L'avocat du boucher, Me Laurent Landry a évoqué « un scénario de mauvais film. » Pour lui, pas de doute, son client s'est laissé « embobiner par l'assureur ».
La femme du boucher a demandé le divorce et ce n'est que récemment qu'il a retrouvé du travail. Quant à l'assureur, il exerce toujours dans l'Oise, pour le même employeur. Le tribunal les a condamnés à deux ans de prison avec sursis et mise à l'épreuve avec obligation d'indemniser les victimes. « Il s'est déjà préparé à faire un chèque de 100 000 euros », a indiqué Me Landry. Quant à l'assureur, il a interdiction d'exercer sa profession pendant trois ans.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/le-boucher-et-lassureur-condamnes
Un mauvais polar incroyable, bonne soirée bises Jacqueline
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