lundi 11 mars 2013

Un Soissonnais jette un froid dans les pressings

Un patron de pressing soissonnais espère faire annuler le décret interdisant le perchloréthylène dans les pressings et encourageant l'utilisation d'autres substances. Des solvants qui n'ont pas fait l'objet d'études suffisantes quant à leur impact sur la santé et sont pourtant mis sur le marché.
UNE petite fédération d'indépendants lance un pavé dans la mare. La Fédération nationale de l'entretien des textiles (FNET), dont le président est le patron du pressing de Paris, Jean Tomaselli, vient de déposer un recours au Conseil d'État contre le décret ministériel de décembre interdisant le perchloréthylène dans les pressings et recommandant l'utilisation d'autres produits.
Le perchlo, utilisé pour le nettoyage à sec, a été classé « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer, sur la base d'études animales et de quelques études épidémiologiques.
Il est rendu responsable du décès de plusieurs personnes, notamment d'une septuagénaire, riveraine d'un pressing à Nice, en 2009.
Comme nous l'avait expliqué Jean Tomaselli dans une interview (l'union du 25 avril), aucune étude n'a pu prouver de façon formelle sa dangerosité. Cependant, principe de précaution oblige, les ministères successifs ont œuvré pour son retrait, sous la pression des associations et proches de victimes.

"On a cru sur parole des vendeurs"
Problème : les substances alternatives au perchlo pâtissent d'un manque d'études sur la santé. Ce n'est pas Jean Tomaselli qui le dit mais l'Anses, dans un rapport du 12 octobre dernier (lire ci-dessous). Des produits pourtant mis sur le marché et dont l'utilisation est même encouragée.
Pour Jean Tomaselli : « On a légiféré sur des émotions. L'affaire de Nice a coïncidé avec l'arrivée sur le marché de nouvelles machines. On a cru sur parole des vendeurs. C'est quelque chose d'incroyable. En plus, ces solvants sont inflammables, contrairement au perchlo. »
Selon lui, les nouvelles machines à perchlo offrent déjà suffisamment de garanties, une teneur limitée dans l'air en dessous des seuils autorisés. Ce produit n'est pas interdit et reste utilisé dans bien d'autres domaines que la teinturerie.
À Soissons, le pressing du Marché est doté d'une de ces nouvelles machines, qui carbure au Kwl, un solvant pétrolier. Hélène Lamotte, qui a repris l'établissement il y a une petite année, a même reçu une aide de l'Agence de l'eau.
« Si on a des subventions, c'est qu'on peut l'utiliser. C'est le perchlo qui est interdit ! C'est le nouveau décret qui le dit. »
Elle est pleinement satisfaite de son procédé ; ses clients aussi qui « apprécient de ne plus avoir d'odeur ».
« Après, je comprends que pour les anciens, c'est dur de changer », dit-elle.
Considérant que « l'on exclut le perchlo pour des solvants sur lesquels on n'a aucune visibilité », l'avocate parisienne de la FNET, Martine Luc-Thaler, espère bien « faire annuler le texte. ça vaut le coup de tenter. D'autres fédérations devraient nous rejoindre ».


http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/un-soissonnais-jette-un-froid-dans-les-pressings

1 commentaire:

  1. Tout à fait d'accord sur le fait que l'on a cédé à des opérations marketing pour démolir le perchlo et promouvoir d'autres produits ou machines.A partir de cas individuels de pressings peu défendables quelques fois, on jette le bébé avec l'eau du bain!En prétendant oeuvrer pour la santé et l'environnement!Les substituts au Per ne se cacheront pas toujours derrière de la pub !!

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