dimanche 20 janvier 2013

Mort d'avoir perdu son emploi chez Baxi

Christophe Meunier est décédé le 10 décembre, à 43 ans. Il était un époux, le père de neuf enfants. Sa santé s'est brutalement dégradée quand il a appris qu'il allait perdre son emploi.
MORT « naturelle » . Deux mots que Marie-Ange Meunier ne peut accepter. Comment admettre la brutale disparition de son mari ? Non, sa mort n'est pas naturelle, pas normale pour celle qui le pleure aujourd'hui. Il aimait la vie mais l'angoisse, le traumatisme de perdre son emploi l'ont terrassé. Christophe Meunier avait 43 ans. Son nom était inscrit sur la liste des 140 postes à supprimer chez Baxi avec la fermeture de l'usine de fabrication de chaudières annoncée par le groupe BDR en octobre. Christophe Meunier n'était pas qu'un nom sur cette liste. Il était le mari de Marie-Ange et le père de leurs neuf enfants.
« Une douleur dans la poitrine »
« Par où commencer, souffle sa veuve, dès les premiers jours, dès qu'il a appris la fermeture, ça n'allait pas. Il ne dormait plus, avait des migraines ressenties à l'arrière de la tête. Il s'est vraiment rendu malade. Le chirurgien à Amiens m'a dit : on n'attrape pas ça comme ça à son âge. C'est dû à un gros coup de stress. » Pour cette famille endeuillée, il ne fait aucun doute que leur proche est mort de perdre son travail : « Il ne concevait pas de ne pas aller travailler. Il y serait allé à quatre pattes. Même avec de la fièvre… »
Son beau-frère, Jacky Haclin, travaille lui aussi chez Baxi. Il se souvient : « Christophe a été très choqué quand on est monté manifester au siège du Blanc-Mesnil. Il était assis tout seul dans son coin. » « Il ne parlait plus que de ça », confie Virginie, l'aînée des neuf enfants.
Le drame s'est noué en quelques heures. Quand Christophe Meunier a regagné son domicile ce jour-là, « il a mangé, il a parlé avec moi et puis il a eu une grosse douleur dans la poitrine et dans la jambe », raconte son épouse. « On est arrivé à l'hôpital vers 15 heures. À 19 heures il était dans un état pitoyable. Il souffrait, il était à moitié paralysé et avait la jambe bleue. » Vers 23 heures, « il a été transféré à Amiens. À son arrivée, il était en arrêt cardiaque. Il a eu un décollement de l'aorte ». C'était le 10 décembre dernier.

Pas un sou
Marie-Ange étouffe ses larmes : « J'ai perdu ce que j'avais de plus cher au monde. Nous étions ensemble depuis l'âge de 13 ans. » Elle a mal.
Elle a « la haine » car, au profond sentiment d'injustice de perdre un être aimé, s'ajoute la froide confrontation avec les réalités matérielles et financières. « Christophe est mort le 10 décembre. Le 31 décembre, Marie-Ange n'avait plus de mutuelle », indique son frère. Madame Meunier a dû verser 200 euros à un notaire « pour avoir le solde de tout compte » qu'elle n'a toujours pas perçu, « parce qu'il faut que des papiers retournent chez le notaire ».
Elle doit s'acquitter d'une facture de 6 000 euros de frais d'obsèques et doit fournir la facture à Baxi pour toucher le capital décès !
« Baxi n'a pas donné un sou depuis qu'il est parti. Tout ça à la période de Noël », regrette Jacky Haclin. « Ce qui serait bien, c'est qu'il y ait un geste. La prime, c'était prévu qu'il la touche. C'est en partie de leur faute. »


http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/mort-davoir-perdu-son-emploi-chez-baxi

1 commentaire:

  1. Combien vont vivre la même douleur sans que personne semble vouloir vraiment prendre la mesure de ce drame humain. Je plains de tout mon coeur cette femme et toute sa famille .
    Bonne journée bises Jacqueline.

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