lundi 12 novembre 2012

Les commerçants en mode vigie

Sportif, le métier de commerçant ! Comme cette vendeuse d'une boutique de prêt-à-porter du centre-ville, hier, il faut savoir partir au quart de tour, à la force de ses gambettes, à la poursuite d'un chapardeur qui a quitté le magasin sans payer.
Hier midi, la jeune femme a ainsi dû piquer son sprint pour ne pas laisser s'enfuir un homme d'une quarantaine d'années qui venait d'emporter pour 120 euros de pulls et pantalons. Dans sa course, « pour une fois », elle a croisé le chemin d'un bon samaritain. « C'est un héros », louait-elle de retour dans le magasin. L'homme l'a aidée à interpeller le voleur.
Cette fois, l'indélicat ne s'en est pas sorti mais ni la vendeuse ni la responsable du magasin ne se font d'illusion : combien franchissent les portes sans se faire repérer et/ou attraper ? « Je m'en rends compte au moment de l'inventaire. Il y en a pour 7 000 euros chaque année. Ça fait environ 900 pièces », compte la responsable du magasin. De la petite bague à 3 euros à la petite culotte, du peignoir à la veste en cuir… peu importe la taille et l'encombrement de l'article, les larrons tentent leur chance !
« Tout le temps »
Du coup si les commerçants savent qu'ils peuvent déjà compter sur leurs jambes, ils savent aussi s'organiser et faire passer l'info entre boutiques. « On a un réseau entre nous. Quand on a repéré quelqu'un, on va aussitôt voir les autres pour les prévenir », explique la responsable du magasin de prêt-à-porter. À défaut de vigile, on se confie ainsi tout une liste orale de signalements : la petite jeune fille au sac à roulette tapissé de papier-alu, la bonne cliente qui fait pourtant des cadeaux au personnel au moment des fêtes, ce monsieur d'une quarantaine d'années à casquette.
Des individus que les commerçants repèrent à leur comportement suspect, parfois, et extrêmement rarement parce qu'ils sont alertés par les autres clients présents. « On est malheureux car on est tout le temps en train de se demander qui peut nous voler », poursuit la jeune femme.
« En deux minutes »
Elle porte plainte systématiquement, « pour que ce soit efficace », quel que soit le montant du préjudice, quand bien même le voleur tente, comme hier midi, une manœuvre pour l'attendrir. Celui-ci a sorti le grand jeu. « J'ai une femme et trois enfants. Nous n'avons pas d'argent et je vais mourir dans un mois… », plaidait-il, un iPhone et des cigarettes dans les poches.
Comme les bons samaritains ne courent pas les rues, une vendeuse confie : « Si je vois une collègue d'un autre magasin courir après un voleur dans la rue, si je dois sortir pour l'aider, j'y vais ! » Tandis qu'elle galopait dans la rue hier midi, la police était aussitôt appelée.
« Nous avons un numéro spécial pour cela avec le commissariat. La patrouille est arrivée très rapidement, en deux minutes. » L'homme est reparti entravé et les 120 euros de textile, qu'il avait déjà défaits de leurs antivols, restitués à la commerçante. Pour la commissaire Audrey Roux, il s'agit d'encourager les commerçants à installer la video-portection, « même si c'est un investissement ». Elle permet « l'identification » des voleurs à l'étalage.
De même les commerçants peuvent s'adresser au commandant Conrard « référent sûreté qui pourra les conseiller en matière de prévention situationnelle », avec des mesures simples et peu coûteuses.

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/les-commercants-en-mode-vigie

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