Histoire. L’auteur Patrick-Charles Renaud lance un appel pour tenter de retrouver la famille de Théodore Girod, un soldat originaire de Rouen ayant participé à la bataille de la charnière de Soissons en 1918.
Patrick-Charles Renaud est un passionné de la grande et de la petite Histoire. Avec son livre La dernière division : sacrifiée à Soissons pour sauver Paris (27 mai au 5 juin 1918), le Lorrain rend justice à ces soldats accusés à l’époque d’avoir plié face à l’ennemi. Depuis la parution de son ouvrage en janvier, ce cadre de banque continue à mener l’enquête sur le sujet. Elle le mène aujourd’hui en Normandie, à Rouen, pour tenter de retrouver la famille du Poilu Théodore (Henri Félicien) Girod. Interview.
Pourquoi vous intéressez-vous à Théodore Girod dans cette bataille tenue il y a un siècle près de Soissons ?
« Je travaille à la réalisation de trois panneaux pédagogiques qui éclaireront les promeneurs du parcours de randonnée traversant le champ de bataille. L’inauguration est prévue fin juin. J’ai déjà recueilli des premiers éléments sur la vie de Théodore Girod grâce aux journaux de marche du bataillon, les ordres de bataille, ses citations à la Croix de guerre et sa fiche matricule aux archives départementales de Seine-Maritime qui reprend tout l’état civil du soldat, son affectation, ses blessures... De par sa fonction, il était en rapport avec tous les combattants. Il a une vision assez générale et il y a de fortes chances qu’il ait laissé des écrits, des témoignages. De plus, ce n’est pas un militaire de vocation. On peut s’attendre à une vision plus critique comparée au récit d’un officier. »
Vous avez donc déjà retrouvé d’autres familles de Poilus ?
« Oui, bien sûr. J’en ai retrouvé une bonne vingtaine. Mais un siècle après ce n’est pas évident ! Je suis encore sur la piste d’une bonne dizaine. J’ai, par exemple, retrouvé la famille du commandant du 3e bataillon de chasseurs à pied (appartenant à la 170e division d’infanterie, la « dernière division ») qui s’est illustré dans la bataille de la charnière de Soissons. J’ai eu accès aux lettres qu’il a échangées avec son père. Il donne son sentiment sur la manière dont se battent les Allemands. »
Et pourquoi s’intéresser à cette bataille ?
« Ma mère est de Soissons et mon grand-oncle a fait partie du 3e bataillon de chasseurs à pied. Et puis, cet épisode de l’Histoire a été occulté comme d’autres. Pour rappeler les faits, le 27 mai 1918, les Allemands lancèrent une puissante offensive qui submergea les positions françaises du Chemin des Dames réputées imprenables. En quelques heures, ils franchirent l’Aisne puis se dirigèrent vers la Marne avec Paris en ligne de mire. Ils voulaient impérativement l’emporter avant que les troupes américaines n’entrent en lice. La 170e division d’infanterie (la dernière division) était en manœuvre dans la forêt de Compiègne. Elle fut aussitôt jetée dans la bataille. Durant une semaine, elle a contenu les assauts de l’armée allemande qui voulait s’ouvrir coûte que coûte la route de Paris. Le 3e bataillon de chasseurs à pied livra un combat inégal, pratiquement à 1 contre 10, face à un adversaire aguerri qui alignait des régiments d’élite comme la Garde Prussienne et des vétérans du front russe. Un ultime combat fut livré le 3 juin 1918 sur le plateau de Pernant, 5 km à l’ouest de Soissons, au cours duquel « La dernière division » céda sans pour autant concéder la victoire aux Allemands. La route de Paris leur fut définitivement interdite. Mais la division avait perdu près de 2 500 hommes... »
On sent une volonté de réhabilitation dans votre travail...
« Oui, on le retrouve dans les lettres de certains Poilus. Ils avaient le sentiment de s’être bien battus mais que ce n’était pas reconnu. Il y avait de l’amertume. »
Les faits historiques requièrent un travail rigoureux, méthodologique et une expertise. Comment travaillez-vous ?
« J’en suis à mon 16e livre. Je m’intéresse beaucoup à l’histoire contemporaine essentiellement le XXe siècle avec les deux guerres mondiales, l’Indochine, l’Algérie... J’ai commencé à 20 ans, j’en ai 57. Depuis tout petit, j’ai eu envie de connaître l’histoire familiale. Toute ma famille a participé aux principaux conflits. Je m’efforce de réaliser un travail journalistique avec pour règle de base : quand il y a un doute, je n’écris pas. Notamment pour les témoignages. J’ai eu quatre prix dont le prix Raymond-Poincaré décerné par l’Union nationale des officiers de réserve. J’espère que cela témoigne du sérieux de ma démarche. »...………… SUITE DE L'ARTICLE SUR LE JOURNAL PARIS NORMANDIE…………………..
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