mercredi 1 février 2017

Cathédrale de Soissons : un véritable puzzle à reconstituer

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Le trou béant formé à la suite de l’explosion de la rosace est désormais recouvert d’une bâche. Des entreprises démontent le vitrail et en conservent chaque morceau.

Que se passe-t-il derrière

la bâche ?

Après l’installation d’un échafaudage et d’une bâche, la rose de 11,5 mètres de diamètre est désormais hors d’eau. « Un travail de dépose des éléments en pierre est en cours, informe Delphine Lacaze, conservateur régional des monuments historiques. Ces éléments sont stockés sur place, comme ceux issus du vitrail ». Deux entreprises sont mobilisées sur ce chantier : l’atelier Berthelot, de Bucy-le-Long, spécialisé dans la restauration, la création et la protection de vitraux, et Charpentier PM pour la maçonnerie de pierre de taille. « Chaque morceau sera reporté sur un plan de localisation de la rosace, ce qui permettra de faire un diagnostic général et d’élaborer ensuite un projet de restauration. Ce travail minutieux doit durer tout le mois ».


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De quand datait la rosace ?

Selon la notice de l’inventaire général du patrimoine culturel des Hauts-de-France, l’analyse archéologique de la façade de Saint-Gervais-et-Saint-Protais place la construction de la rose après le milieu du XIIIe siècle. Elle a été maintes fois endommagée et restaurée. Très dégradée par l’explosion d’une poudrière puis par un ouragan en 1815, elle est réparée en 1817, avant de subir le siège et les bombardements de Soissons en 1870. Après la Première guerre mondiale, si la structure en pierre semble intacte, le vitrail est totalement détruit. L’actuel a été réalisé par le peintre verrier Jean Gaudin et posé en avril 1931.

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La rosace était-elle fragilisée ?

Qu’est ce qui a pu faire exploser la structure en pierre de la rose ? Ces dégâts s’expliquent-ils seulement par la force du vent ? « Pour l’instant, c’est difficile à déterminer. On n’a pas les éléments sur ce qu’il s’est passé, répond Delphine Lacaze. Il y avait un système de maintien métallique, mais je ne peux pas dire s’il y avait un désordre  ». Ce jeudi 12 janvier, la vitesse du vent d’ouest / sud-ouest qui soufflait a été mesurée à 129 km/h à la station météo la plus proche de Soissons, située à Braine, indique André Sollé, responsable du centre météorologique d’Abbeville. Il précise que « les dégâts dépendent de la force du vent, mais aussi de son orientation ». Orientée vers l’est, comme toutes les églises, la façade de Saint-Gervais-et-Saint-Protais faisait face au vent ce soir-là. En hauteur, elle était encore plus exposée en raison de l’absence d’obstacle. Pour Denis Rolland, président de la Société historique et archéologique de Soissons, « il ne faut pas être grand clerc pour penser qu’il y a eu un défaut d’entretien. Il n’y a pas de surveillance des monuments historiques, c’est quand ça se casse la figure qu’on agit. »

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Combien la restauration



va-t-elle coûter ?

Difficile de connaître le coût de la remise en état pour l’instant. La Direction régionale des affaires culturelles n’avance toujours pas de chiffre, mais il devrait dépasser le million d’euros. Selon Don Vincent Clavery, le recteur de la cathédrale, il faut compter environ 2 000 euros par m2 pour un vitrail neuf. La surface de la rose est d’environ 415 m2, ce qui représenterait un coût de 830 000 euros. Auquel s’ajoutera la remise en état de l’orgue. « Ça sera plus compliqué, car c’est un orgue particulier et cela fera l’objet de petite polémiques entre spécialistes, redoute l’homme de foi. Est-ce qu’il y a des améliorations à apporter ? Lesquelles peut-on faire sans dénaturer la structure ? », s’interroge Don Clavery.

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Peut-on participer financièrement à la remise en état ?

La rénovation incombe d’abord à l’État, propriétaire de l’édifice religieux. Mais dès le lendemain de la tempête, Alain Crémont, le maire de Soissons, a proposé le principe d’une souscription afin de faire appel au mécénat populaire. Cette opération pourrait être portée par la Fondation du patrimoine. Ses modalités restent à déterminer. De son côté, l’auteur soissonnais Pierre Commeine travaille déjà sur un livre rassemblant une soixantaine de ses photos de la cathédrale. Cet ouvrage artistique sera édité par À Contre sens éditions qui est basé à Vauxrezis. « Tous les bénéfices des ventes seront reversés pour aider à la restauration », explique Joël Lévêque, son responsable. L’objet est en cours de conception et devrait être vendu 20 euros dans les lieux habituels.

http://www.lunion.fr/14015/article/2017-02-01/cathedrale-de-soissons-un-veritable-puzzle-reconstituer

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