La salle était comble, lorsque *François-Xavier Roth est entré sous les applaudissements d’un public initié.
De 60 à 80 musiciens selon les tableaux, environ 25 violons, 5 violoncelles 3 à 5 contrebasses, quelques cuivres, des instruments à vent, des percussions, 2 harpes et bien d'autres que j'oublie
Chacun finit d'accorder son instrument, le silence se fait, les lumières baissent, le chef d'orchestre donne le départ et s'envole... Incroyable de voir les sons que ces magiciens peuvent faire sortir de leurs instruments, quand un seul résonne c'est magique mais lorsque tour à tour ils partent en envolées groupées c'est vraiment fabuleux. Passer du fortissimo au pianissimo, repartir de plus belle, certains instruments ont peu d'occasions de résonner mais lorsque c'est leur tour, c'est pile au bon moment, le petit plus qui finit le morceau. Comme il est plaisant de voir chaque musicien vibrer au son de son instrument qu'il accompagne en cadence, comme c'est touchant de capter un regard, une mimique, un pincement de lèvres, un haussement de sourcils ou que sais-je de complice entre les différents protagonistes, à des moments clés du concert...
Les Siècles ont poursuivi ici, leur intégrale de Ravel avec les célèbres contes de ma Mère l'Oye, inspirée des œuvres de Charles Perrault, Madame Leprince et Beaumont, la belle et la bête et Madame d'Aulnoy, le serpentin vert, cette œuvre, composée entre 1908 et 1910, pour les enfants de ses amis, témoigne du goût de Ravel, resté célibataire et sans descendance, pour une thématique « enfantine » que l'on retrouvera également plus tard dans « L'enfant et les sortilèges ».
Au cours de la première pièce, le chef d'orchestre, fait les gros yeux puis demande le silence d'un doigt sur sa bouche, se tournant vers un endroit précis au premier rang ! A la fin de la première pièce, le chef d'orchestre, demande l'autorisation de se permettre : de préciser aux spectateurs qu'un concert se vit ensemble, les musiciens d'un côté et les spectateurs de l'autre mais pour autant tous ensemble, alors il demande silence aux piplettes, les priant d'attendre la fin du concert ou de sortir de la salle et blague auprès de quelques tousseurs chroniques, à qui il précise qu'ils ont toussé pour l'année, qu'ils peuvent s'arrêter au moins jusque la fin du spectacle, il reviendra sur ce point à plusieurs reprises !
Morceau n°2, le Pianiste **Jean-Efflam Bavouzet s'est joint à l'orchestre pour interpréter le « Concerto pour la main gauche » toujours de Ravel, écrite pour le pianiste Autrichien Paul Wittgestein, qui perdit son bras droit durant la 1ère guerre mondiale.
Véritable peinture d'une querelle fatale entre le piano et l'orchestre, les instruments se répondaient, se disputaient la meilleure place. Tout ici est grandiose, monumental, à l'échelle des horizons flamboyants, de monstrueux holocaustes où se consument les corps et s'engloutit l'esprit des vastes troupeaux humains grimaçants de souffrance et d'angoisse.
Le pianiste s'emporte sur le clavier dans une mélodie des plus vibrantes aussitôt reprise de volée par la multitude d'instruments à cordes soutenus par les instruments à vent et par moment, quelques cuivres et de belles notes cristallines - issues des harpes ou encore du triangle - viennent alléger ce rythme des plus fous ! Jean-Efflam Bavouzet est en parfaite symbiose avec son instrument, derrière lui, le premier violon très expressif est en admiration voire en extase devant ce musicien hors pair dont les mains se balladent sur le clavier...
Il faut dire que l'acoustique de cette salle est exceptionnelle, d'ailleurs, « Les Siècles » ont déjà enregistré plus d'un CD ici alors que cette salle n'a qu'un an.
Dans l'euphorie des morceaux, il est certains instruments méconnaissables lorsque tous sont à l'unisson, que c'est beau aussi de voir tous les archets aller et venir en un seul et même rythme et de se laisser porter par cette musique.
Après l'entracte, reprise de l'orchestre avec Jeux, un air composé pour la saison Parisienne des ballets Russes de 1913 et La mer de Debussy qui dépeint en 3 tableaux paysagers marins : de l'aube à midi sur la mer, jeux de vagues et dialogue du vent et de la mer, tellement réaliste qu'on on attraperait le mal de mer !
Ces 2 morceaux ont été joués avec des instruments français du début du 20ème siècle
La Cité de la Musique et de la danse poursuit sa programmation éclectique et vous donne rendez-vous le mardi 15 novembre prochain avec Michel Jonasz pour ceux qui ont déjà réservé leurs places car le concert affiche complet ! Le 1er décembre ce sera La Risonanza...
1*François-Xavier Roth
François-Xavier Roth, né le 6 novembre 1971 à Neuilly-sur-Seine, est un chef d'orchestre français.
François-Xavier Roth est le fils de Daniel Roth, organiste titulaire des orgues de l'Église Saint-Sulpice à Paris.
François-Xavier Roth a fait ses études au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, avec Alain Marion et Janos Fürst6. En 2000, il remporte le 1er Prix du concours international de direction d'orchestre Donatella Flick à Londres et devient, pour deux saisons, chef-assistant de l'Orchestre symphonique de Londres6. Il a également assisté Sir John Eliot Gardiner durant plusieurs années (Les Troyens, Benvenuto Cellini, Falstaff). En 2007, il fait ses débuts en Amérique du Nord avec l'Orchestre symphonique de Londres.
Il est aussi directeur musical des Siècles depuis qu'il a fondé l'orchestre en 2003 et depuis 2011, du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg.
Nommé General-musikdirektor à Cologne en 2015, François-Xavier Roth est l'un des chefs d'orchestre, les plus charismatiques et entreprenant de sa génération. Son vaste répertoire s'étend de la musique du 17ème siècle aux œuvres contemporaines et couvre tous les genres : musique symphonique, opératique et chambriste. Reconnu internationalement pour ses programmes inventifs et modernes et sa direction incisive et inspirante, il travaille régulièrement avec les orchestres les plus réputés : Philharmonique de Berlin, La Staatskapelle, le royal Concertgebouw, le Boston Symphonie, la Tonhalle de Zurich, le London Symphony orchestra...
Ce passionné, passionnant consacre une grande part de son activité à la pédagogie, il dirige l'étonnant LSO Panufnik Compposers Scheme chaque année à Londres, l'Orchestre des Siècles et le Festival Berlioz.
En 2009, il créé, le Jeune Orchestre Européen Hector-Berlioz, un orchestre-académie rejouant le répertoire berliozien sur instruments d'époque
2 Jean-Efflam Bavouzet
Jean-Efflam Bavouzet est un pianiste français né en 1962 à Lannion. Il passe toute son enfance à Metz, où il effectue toute sa scolarité et le conservatoire. Ancien élève de Pierre Sancan au Conservatoire de Paris, il a été invité par Sir Georg Solti pour faire ses débuts avec l'Orchestre de Paris en 1995. Considéré comme la dernière découverte du maestro avant sa mort en 1997.
En 2010-2011, Jean-Efflam Bavouzet fait ses débuts avec le New York Philharmonic, effectue une tournée aux États-Unis. Il a réalisé une transcription pour deux pianos de Jeux de Debussy, publiée chez Durand avec une préface de Pierre Boulez. Il a remporté le premier prix de l'International Beethoven Competition à Cologne mais aussi le Young Artist Auditions à New York en 1986[réf. nécessaire].
Jean-Efflam Bavouzet est directeur artistique du festival pour piano de Lofoten en Norvège. Il enregistre en exclusivité pour Chandos.
Artiste de l'année 2012 de l'international Classical Music Award ; il est sans nul doute actuellement l'un des pianistes les plus actifs autant en enregistrement qu'en concert.
***Les Siècles
Les siècles sont en résidence dans l'Aisne soutenu par le Mécénat Musical Société Générale ; le ministère de la culture et de la communication, la DRAC, le Conseil départemental de l'Aisne. Ils se produisent à Paris, Amiens, Nîmes, Caen, Sénart, Aix-en-Provence, Metz, Royaumont, Côte St André, Amsterdam, Berlin, Bruxelles, Luxembourg, Tokyo, Cologne....
Cette formation, unique au monde réunit des musiciens d'une nouvelle génération, jouant chaque répertoire sur les instruments historiques appropriés. Les siècles mettent en perspective de façon inattendue et pertinente plusieurs siècles de création musicale. Ils ont déjà onze opus à leur actif...
Bon vent !
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