mardi 7 juin 2016

Un conférencier est venu à Cuffies pour parler de la souffrance au travail des petits entrepreneurs

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Pour son assemblée générale la section axonaise de la Fédération française du bâtiment a fait venir un spécialiste de la santé des petits patrons.
Vendredi la section de l’Aisne de la Fédération française du bâtiment organisait son assemblée générale sur les Terrasses du Mail de Cuffies. La présidente, Ginette Platrier recevait un invité de marque : Olivier Torrès, professeur de management de Montpellier pour une conférence intitulée « Les dirigeants du bâtiment ont-ils la forme ? »
Pour commencer Olivier Torrès égrenait un échantillon de phrases grinçantes de réalité entendues souvent : « Je n’ai pas le temps d’être malade » ou encore « Je ne tombe malade que quand je suis en vacances, du coup je ne prends plus de vacances ! » Des citations comme autant de signes cliniques d’un diagnostic sans appel : la souffrance au travail n’est pas réservée à quelques-uns.
Ce n’est pas un hasard si Olivier Torrès fut l’invité d’honneur. « Les dirigeants de TPE, PME et artisans représentent 88 % de nos adhérents », informe Thierry Coulvier, secrétaire général de la FFB 02. En France, 99,84 % des entreprises sont des PME, amputées des questions médico-sociales. Olivier Torrès a animé un débat sérieux sur un problème de santé publique réel sur fond d’humour et de dérision : « Personne n’en parle, on me dit souvent que c’est un sujet exotique ! »
Trésorerie en difficulté, tension avec les banques, incertitude du cahier des charges… Les problèmes quotidiens des petits patrons, vulnérables, ne disposant pas des mêmes moyens humains ni financiers que les grands groupes. « L’entreprise se porte bien quand son dirigeant est en bonne santé, mais qui s’en inquiète ? » interroge Olivier Torrès qui lui, y porte une attention particulière depuis plusieurs années. « Je m’y suis intéressé parce qu’ils n’ont pas de santé au travail. J’ai créé en 2009 à l’université de Montpellier le premier service de santé au travail des chefs d’entreprise et aujourd’hui je viens restituer mes résultats. »
Lors de son auscultation sur le thème, le conférencier dresse quatre agents pathogènes : le stress qui évolue sournoisement à bas bruit, la surcharge de travail (« Le travail c’est la santé, mais trop c’est nuisible »), la solitude (« Syndicalisez-vous, ne restez pas seuls ; si vous êtes divorcé, remariez-vous ! ») et enfin l’incertitude face à l’avenir et la stabilité économique. « Réunissez ces quatre facteurs et vous tomberez comme des mouches ! » alarme-t-il.
Alors au final, les patrons ont-ils la forme ? « Oui, leur santé est meilleure mais plus risquée », félicite tout de même Olivier Torrès, et ce, grâce à plusieurs facteurs salutaires que chacun peut mobiliser : « L’optimisme, l’endurance, le sentiment de maîtriser son destin, et la passion. » Le professeur souhaite l’émergence d’un esprit civil de prévention contre les problèmes de santé des indépendants et que les mentalités changent : « Si j’arrive à convaincre les élus de toutes confessions à créer un droit de la PME, j’aurai fait mon travail universitaire. Je veux croire que nos élus sont des personnes de bonne volonté, mais ils confondent l’égalité et la justice. » Le message semble avoir été entendu. Parmi les invités figuraient Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne, et Yves Daudigny, sénateur, qui reconnaissent la légitimité de la problématique soutenue par Olivier Torrès. Yves Daudigny s’est engagé : « Je n’ai pas la solution, mais je vous promets d’intervenir lorsque nous aborderons prochainement au Parlement l’article 44 qui traite de la santé au travail et d’évoquer ce débat. Il y aura au moins un écho dans le journal officiel. »
http://www.lunion.fr/node/740461

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