Les bunkers où s’est joué la suite du Débarquement et le sort de Paris pourraient être classés aux Monuments historiques. Oui mais voilà, ce classement n’est voulu par personne…
Les froids bunkers hitlériens du Ravin du loup de Margival et Laffaux doivent-ils être classés aux Monuments historiques ? C’est la question sur laquelle planche en ce moment la commission supérieure chargée du patrimoine national. Depuis le 5 février 2014, le QG de Hitler et de son état-major est inscrit au titre des Monuments historiques. C’était l’adjoint à l’architecte des Bâtiments de France basé à Laon, M. Gujisberg, qui avait fait la demande d’inscription et de classement en 2005.
Dorénavant, grâce à l’inscription, le bâti est partiellement protégé. « Mais ça n’empêche pas les ventes des parcelles par les propriétaires », indique Denis Bouet, membre de l’Association de sauvegarde du W2 (Wolfsschlucht 2, Ravin du loup Nº2) qui organise des visites historiques sur place. Ces parcelles appartenaient alors à trois communes : Margival, Laffaux et Neuville-sous-Margival. « Dès l’inscription, le maire de Neuville s’est empressé de vendre à un particulier. Il avait peur que le site soit classé et que ça n’entraîne d’autres obligations pour sa commune », poursuit Denis Bouet qui avoue que si l’ASW2 ne sera pas contre le classement, elle ne se battra pas non plus pour : « Quand les élus ont appris que le site était inscrit, on nous est tombés dessus en nous demandant des comptes, alors que la demande avait été formulée en 2005 par M. Gujisberg, et à ce moment notre association n’existait pas. »
Il est vrai qu’un autre statut ne serait pas forcément positif pour ces villages. « Nous ne souhaitons pas ce classement, explique Jean-Pierre Leguiel, maire de Laffaux. Nous avons d’autres priorités. Pour nous, ce serait un gouffre, avec un coût phénoménal lié à la réhabilitation du site, sans parler des restrictions pour la construction et la rénovation des édifices dans la commune. » Les élus et les habitants ne pourraient en effet plus faire ce qu’ils veulent en termes d’urbanisme sans consulter auparavant les Bâtiments de France.
Même Denis Rolland, président de la Société historique de Soissons et ardent défenseur des vieilles pierres, n’est pas pour une sacralisation du W2 : « J’étais favorable à l’inscription, mais pas au classement qui serait un carcan trop lourd. De toute façon, les dégradations sur les bunkers ne peuvent être que limitées puisque ce sont des blocs qui étaient conçus pour résister à… des bombardements ! »
Toujours est-il que la procédure se poursuit comme l’explique Christian Douale, conservateur régional des Monuments historiques à la DRAC Picardie : « L’examen du dossier par la commission supérieure des Monuments historiques peut prendre plusieurs années. Nous avons déjà recueilli les avis défavorables des conseils municipaux de Laffaux et Margival, mais il arrive que malgré ces éléments contradictoires, un autre choix soit fait. »
On le voit la polémique, n’est pas près de s’éteindre…
http://www.lunion.com/node/529681
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire