lundi 13 juillet 2015

AISNE à deux pas de Soissons au Ravin du loup une ancienne base militaire allemande puis française

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Dans ce «trou» perdu de l’Aisne, entre Laon et Soissons, Adolf Hitler a tenu dans son bunker de commandement une rencontre au sommet, le 17 juin 1944, en pleine bataille de Normandie.

L’histoire si ténébreuse du IIIe  Reich qui a charrié tant de malheurs en Europe entre 1939 et 1945, a connu deux épisodes méconnus dans ce coin isolé de Picardie, autour des villages de l’Aisne de Margival, Laffaux et Neuville. L’endroit encaissé, boisé et facile à camoufler, est déjà un haut lieu de la Première Guerre mondiale sur la partie occidentale du Chemin des dames. Dans ce Ravin du loup situé en zone interdite, l’Occupant allemand a fait construire plus de 860 ouvrages bétonnés, dont 40 gros bunkers, sur une étendue de 90 km2. La ligne de chemin de fer Laon-Paris offrait un long tunnel protecteur de 647 mètres à proximité du Quartier général. Le bunker nº5 abritait le plus grand centre de transmission allemand. Plus de 600 lignes téléphoniques y étaient installées. Près de 22 000 ouvriers ont participé de 1942 à 1944 à la construction du W2, « Wolfsschlucht II » (Ravin du loup) nom de code du QG d’Hitler sur le front Ouest qu’il ne fréquentera finalement qu’une douzaine d’heures en juin 1944, onze jours après le débarquement allié.

Ces bunkers, devenus base secrète de l’Otan après la Libération, puis propriétés de l’Armée française, et finalement confiés aux communes environnantes en 2000, sont désormais entretenus et préservés par une poignée de bénévoles. Parmi eux, Didier Ledé de l’association ASW2, habité par le sujet. Ici, on raconte l’unique passage de Hitler au W2, le samedi 17 juin 1944, pour une rencontre au sommet. «  Hitler pensait atterrir à Juvincourt, Couvron ou Samoussy mais ces trois aérodromes de l’Aisne avaient été bombardés par les Alliés. Il s’est posé à Metz à minuit pour ensuite parcourir les 250 kilomètres jusqu’ici en voiture. Il a voyagé dans une Mercedes blindée avec une petite escorte SS  », raconte Didier Ledé. «  Hitler est arrivé à 8 heures du matin. Rommel et Von Rundstedt, prévenus à 3 heures et attendus pour 9 heures, sont arrivés en retard. Ils ont été accueillis par un Hitler de très, très mauvaise humeur. Hitler dira non à toutes les demandes de Rommel, refusera qu’il recule du front et ne lui accordera pas de renforts, considérant toujours que le débarquement en Normandie n’était qu’une diversion…  »

La conférence au sommet est contrariée par un fait ahurissant. Tirée par les Allemands de Vignacourt dans la Somme, une fusée V1 a fait demi-tour pour s’écraser le même jour à 4 h 30 du matin, sur la terre de l’Aisne, près du village… d’Allemant, à moins de deux kilomètres de distance de W2.
De 12 h 30 à 14 h 30, les hauts dignitaires déjeunent dans le chalet bavarois « Teehaus » situé sur la plateforme dominant le bunker d’Hitler. Le Führer prend son repas de végétarien – riz, haricots verts – un gâteau au fromage blanc et de l’eau minérale allemande. Hitler craignait d’être empoisonné et tous ces aliments ont été préalablement goûtés par l’un de ses gardes du corps. Informé de l’incident du V1, Hitler s’en sert pour quitter plus vite le Ravin du loup, en début de soirée vers 20 heures. Ce sera son troisième et dernier passage dans l’Aisne.

L’ordre de détruire Paris,
bloqué ici

Jamais repéré par l’aviation alliée tant il était bien camouflé, le W2 du front Ouest, a connu un autre moment important pour la Seconde Guerre mondiale, raconté dans les mémoires de Hans Speidel et cultivé par l’association ASW2. «  Le 26 août 1944, Speidel est dans le bunker nº2 quand Jodl lui transmet l’ordre d’Hitler de détruire Paris. Toutes les rampes d’armes V1 et V2 du Pas-de-Calais, Nord et de la Belgique doivent déverser sur Paris un déluge de feu. Speidel détruira l’ordre au lieu de le transmettre à Model  », racontent les passionnés.
Déambuler sur ce site, c’est approcher 70 ans plus tard cette époque de fureur et de terreur. En particulier en descendant le bunker entièrement reconstitué par le bénévole collectionneur Gérard Tripette. Dans la casemate réservée aux mitrailleurs, des mannequins entourent la MG34, capable de tirer 900 coups à la minute. Et pour faire plus vrai, le passionné lance la bande-son dans le bunker qui offre une hallucinante caisse de résonance. Lits superposés, gramophone d’un officier allemand amoureux de musique classique et bouteilles vides d’Alsace grand cru, tous les détails crédibilisent les lieux. Jusqu’à l’image de la chanteuse actrice allemande, Ilse Werner, épinglée sur le mur humide. La belle a offert des rêves heureux à des hommes pendant ces années de cauchemar.

Le site se visite le 2e samedi et les derniers samedi et dimanche de chaque mois (mars à septembre). Rendez-vous à 14 h 30, place de la mairie de Laffaux. Réservation en semaine au 06 03 71 22 30 ou 06 08 00 95 51. Détails sur www.asw2.perso.sfr.fr
 
 

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