C’est une héroïne qui a témoigné d’un dévouement hors du commun pendant la Première Guerre mondiale, dans le Soissonnais. D’elle, il reste une photo prise au château de Vauxbuin et même un film d’une minute à l’établissement cinématographique des armées au fort d’Ivry.
Anne-Marie Canton Bacara arrive à Soissons en 1914 à l’âge de 36 ans. Dans l’éclat brun des yeux de cette femme célibataire, portant la tenue d’une infirmière, on lit beaucoup de tempérament. Mais aucune rue de Soissons ou de Vauxbuin ne porte son nom. « La plupart des infirmières sont des anonymes. Le hasard fait que l’on dispose de quelques éléments sur elle. D’autres sont aussi méritantes mais restent dans les ténèbres », souligne Denis Rolland, président de la Société historique de Soissons. Il a mené des recherches sur cette grande figure durant environ dix ans.
Une forte personnalité
Au début, tout commence par une photo de 1917 provenant du fonds photographique d’Albert Khan. La lecture des journaux de l’époque témoigne que cette femme attire le regard des reporters. Des soldats admiratifs écrivent aussi à son propos. Denis Rolland retrouve même des témoins qui l’ont connue, le père du ministre Philippe Douste-Blazy, dont elle était la grand-tante, et un enfant âgé de 12 ans quand il l’a rencontrée.Les témoignages convergent vers la même impression. « C’était une forte personnalité encombrante et attachante », estime l’historien. Il remarque une citation parmi les six qui jalonnent les efforts de l’infirmière. Elle est datée du 29 janvier 1915 et elle est signée du commandant du 231e régiment d’infanterie, le régiment du fameux écrivain Henri Barbusse qui « s’est fait massacrer à Crouy », comme le rappelle Denis Rolland.
Le texte qui consacre l’action d’Anne-Marie Canton Bacara, en forme d’hommage, relève « un courage exceptionnel en allant, de sa propre initiative, relever des blessés en avant des tranchées sous le feu de l’ennemi. »
Le maire de Vauxbuin se montre lui aussi très impressionné. Il écrit ainsi : « Le 31 août, la situation devient critique. À 4 heures de l’après-midi, on annonce que les Allemands vont occuper Soissons. Les infirmières refusent de quitter leur poste. Elles ne veulent pas abandonner les cinq blessés français dont elles sont la sauvegarde et qu’elles espèrent empêcher d’être faits prisonniers. De plus, il leur répugne de fuir devant l’ennemi. Elles sont prêtes à faire le sacrifice de leur vie… Les obus et les balles pleuvent dans les rues, des civils sont blessés. Aidée de son brave chauffeur, Maurice Rocault, Mlle Canton Bacara relève des blessés sous les projectiles et les transporte à l’hôpital. »
Sa conduite se poursuit avec la même hauteur. Elle soigne les Français mais aussi les Allemands, ne recule devant aucun danger.
http://www.lunion.presse.fr/region/anne-marie-canton-bacara-une-femme-dans-la-guerre-ia3b26n436480
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