jeudi 3 octobre 2013

La ligne rouge pour les motards

SOISSONS (02). Le nombre de motards tués sur les routes explose. Déjà quatre dans le Soissonnais et le sud de l'Aisne depuis le début de l'année. Gendarmes et association appellent à plus de prudence.
Lundi, aux environs de 10 heures, un couple de motards percute de plein fouet une voiture à l'arrêt, prête à tourner à gauche, sur la RN31. L'automobiliste, une femme qui rentre chez elle à Vasseny, est bien placée sur la ligne médiane, clignotant allumé. L'homme et sa passagère mourront, quelques minutes plus tard. Un accident incompréhensible. « Le motard a le soleil dans le dos, il roule sur une longue ligne droite, il a tout le temps de voir la voiture à l'arrêt, il ne donne pas de coup de frein », décrit le chef d'escadron de l'EDSR02 (*), Patrice Magnier. Le couple rentrait de vacances et rejoignait le Calvados, où il résidait. Lui était gendarme retraité, un motard aguerri d'une soixantaine d'années, plutôt prudent si l'on en croit la vitesse à laquelle il roulait ; le moteur était bloqué à 70 km/h. L'hypothèse du moment d'inattention, causé par la fatigue, est la plus vraisemblable. Ce dramatique accident vient s'ajouter à une longue liste. Déjà dix morts sur les routes de l'Aisne depuis le début de l'année. Ceux-ci nous rappellent à quel point les motards sont vulnérables. « La moindre erreur se paie cash », souligne Patrice Magnier. « Une intersection, c'est un danger ; il faut lever le pied, même si on est prioritaire. » Ce dernier a longtemps été président de l'association départementale de sécurité routière 02. Elle est composée essentiellement de gendarmes motards. Chaque année, au printemps, un rallye touristique à moto, à travers le département est l'occasion, pour eux, de faire de la prévention. « On oblige les motocyclistes à emprunter des endroits sinueux, pour améliorer la maniabilité. De plus en plus de jeunes y participent. » L'ivresse de la vitesse et un manque d'expérience exposent davantage les jeunes. Le 26 juin dernier, un homme de 25 s'est tué sur la déviation de Soissons, quelques heures seulement après avoir obtenu sa moto. « On essaie de leur faire comprendre que si on tombe, on ne se relève pas toujours, même avec de bonnes bottes, un bon casque et une bonne combinaison. Une simple chute à 50 km/h peut être fatale », indique Marie Letoffé, des Anges de la Route, association en sommeil. Patrice Magnier, lui, recommande de « bien se renseigner avant l'achat d'une moto. Certains modèles tolèrent mieux les erreurs de trajectoire. » Il préconise aussi le port de vêtements rétroréfléchissant, afin d'être mieux vu. Les motards font rarement l'économie d'un bon équipement et sont « assez sérieux quant à l'entretien de leur moto, dont souvent, ils s'occupent plus que de leur voiture », explique-t-on chez NK Moto, à Soissons. Ils ont beau être plus expérimentés, des sexagénaires ont été impliqués dans les derniers accidents graves, voire mortels dans le Soissonnais et le sud de l'Aisne. Il faut dire, un printemps pourri a privé les motards de leur activité préférée. Dès qu'il a fait beau, ils étaient très nombreux de sortie, d'autant que ce mois de septembre est quasi estival. « Plus il y a de monde sur les routes, plus il y a d'accidents, c'est logique », remarque Marie Letoffé. Du côté des gendarmes de la BMO, pas question de baisser la garde. La vigilance et les contrôles sont renforcés pendant la belle saison. Patrice Magnier le martèle d'ailleurs : la tolérance zéro est la règle. D'autant que les gendarmes savent se faire discrets, avec les contrôles à bord de véhicules banalisés. 
(*) Escadron départemental de sécurité routière.

http://www.lunion.presse.fr/region/la-ligne-rouge-pour-les-motards-jna3b26n220637

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